Article écrit le 28/09/2019 – Par MINGZI – Crédit photo : 123RF
Face à des taux d’intérêt négatifs et à l’absence de perspective de hausse, certaines banques allemandes prennent des mesures et dénoncent les contrats d’épargne trop généreux, se séparent de leurs clients non rentables ou encore taxent les dépôts de leurs clients.
Commerzbank souhaite se séparer de ses clients non rentables
Commerzbank a annoncé la semaine dernière son intention de se séparer de ses clients les moins rentables. La banque allemande, qui compte 11 millions de clients, veut se séparer d’un million de comptes inactifs qui lui coûtent de plus en plus cher. Pour l’établissement, cette mesure est une répercussion de la politique monétaire de la BCE et des taux d’intérêt négatifs.
La banque va également modifier sa politique tarifaire et tenir compte de l’inactivité des comptes dans son modèle de tarification. Les clients les plus fortunés pourraient être les premiers à faire les frais de ces taux négatifs : la banque envisage de taxer les dépôts au-dessus de 100 000 euros.
Les Caisses d’épargne de Munich et de Nuremberg dénoncent les contrats d’épargne trop rémunérateurs
La Sparkasse de Munich, cinquième caisse d’épargne allemande, a de son côté informé près de 30 000 clients détenteurs de certains contrats d’épargne de la fin des généreuses conditions dont ils bénéficiaient. Les contrats concernés, lancés dans les années 1990, prévoyaient le versement d’un intérêt fixe et d’une prime croissante au fil des ans. Quelques jours auparavant, l’établissement avait annoncé qu’il ne s’interdirait pas de taxer les dépôts de ses clients particuliers supérieurs à 100 000 euros.
La caisse d’épargne de Nuremberg a également annoncé la fermeture prochaine de plus de 20 000 contrats ouverts il y a plus de 15 ans.
Plus de 40 % des banques allemandes envisagent de taxer les dépôts de leurs clients
La banque centrale allemande la BaFin (l’autorité de contrôle) ont interrogé près de 1 400 établissements petits et moyens (soit 89% des banques représentant 38% des actifs du secteur). Il en ressort que plus de 40% des banques envisagent de taxer les dépôts de leurs clients, alors qu’elles n’étaient que 23% en 2017. Dans l’hypothèse pessimiste d’une chute des rendements d’un point, le taux monterait à 70%.
Face à l’inquiétude grandissante des Allemands, le gouvernement envisage de prendre des mesures et d’interdire aux banques de taxer les dépôts inférieurs à 100 000 euros.
Certains clients envisageraient même un recours en justice. Mais, étant donné l’environnement de taux actuel, la Cour fédérale a autorisé les banques à mettre fin dans certaines conditions à des contrats juteux.
Conséquences de la politique monétaire de la BCE
Les différentes mesures prises par les banques allemandes visent à répercuter sur les clients une partie du coût de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Depuis la crise financière de 2008, la BCE a mis en place des mesures pour alléger la dette des États, relancer et soutenir l’économie. Cela se traduit par des taux d’intérêt historiquement bas afin de faciliter l’accès au crédit pour les entreprises et les particuliers et ainsi booster la consommation et l’emploi.
La BCE vient de passer le taux de refinancement de – 0,40% à – 0,50%. Ainsi, une banque qui place 100 euros de liquidités auprès de la BCE, ne récupère que 99,5 euros. Les liquidités déposées par les clients sur leurs comptes dépôts coûtent donc cher aux banques.
Et comme les taux semblent durablement bas pour encore longtemps, les banques s’adaptent et répercutent le coût de ces taux négatifs sur leurs clients.
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