Article écrit le 04/11/2018 – Par Myriam Souveton – Crédit photo : Fotolia
L’Autorité Bancaire Européenne a publié les résultats du stress-test 2018 qu’elle a effectué sur les banques européennes. Votre banque résisterait-elle à une nouvelle crise économique ?
Qu’est ce qu’un stress test ?
Le stress-test des banques, c’est un peu comme un crash test pour les voitures, cela permet de tester la résistance de chaque banque à un scenario catastrophe.
Ce test est réalisé régulièrement par l’Autorité Bancaire Européenne (ABE), une autorité indépendante qui surveille l’ensemble des banques européennes. Elle rend des comptes au parlement européen.
L’objectif de ces stress-test est préventif. Ils visent à éviter de se retrouver dans la même situation qu’en 2008 quand la crise des subprimes a entrainé la faillite de la banque Lehman Brothers et provoqué une crise économique et financière mondiale.
Quel est le critère pour savoir si une banque est capable de résister à une crise majeure ?
On utilise le ratio de solvabilité. Il sert à mesurer si les réserves de la banque (appelées fonds propres) sont suffisantes pour faire face aux imprévus (par exemple des clients qui ne remboursent pas leurs emprunts, ou encore des litiges perdus).
En Europe, il existe des règles et normes très strictes imposées par la BCE (Banque Centrale Européenne). Elle fixe individuellement pour chaque banque le ratio de solvabilité qu’elle exige d’elle. Par exemple, pour 2018, la BCE a fixé un ratio de solvabilité 2018 de 9,125% pour BNP Paribas. Cela veut dire que le montant des réserves de BNP Paribas doit être au moins égal à 9,125% du montant de ses engagements (montants de crédits accordés, etc).
Le ratio solvabilité est aussi appelé CET1 (Common Equity Tier 1)
En quoi consiste le scenario catastrophe utilisé pour le stress test 2018 ?
Le stress test 2018 a permis de tester la résistance de 48 banques de l’Union européenne (dont six groupes bancaires français), ce qui représente 70% des actifs bancaires de la zone euro.
Elles ont été confrontées au scenario catastrophe le plus sévère depuis la création des stress test : il implique un écart de 8,3% du PIB de l’UE par rapport à son niveau de référence en 2020, une augmentation du chômage d’environ 3,3 points d’ici 2020, une baisse de l’inflation de 1,9% par rapport au niveau de référence et une baisse de l’immobilier résidentiel de 27,7% et commercial de 27,1% par rapport au niveau de référence d’ici 2020.
Les résultats du stress test 2018
Au point de départ (décembre 2017), le CET1 moyen des 48 banques de l’échantillon de test de résistance est de 14,4%. Après scenario catastrophe, le ratio CET1 moyen ressort à 10,9%.
Toutes les banques ont donc respecté l’objectif de ratio minimum de fonds propres CET1 de 5,5% qui avait été retenu dans le scénario catastrophe.
Ce résultat montre que les banques de la zone euro sont plus résistantes aux chocs financiers. Au sortir de l’épreuve, « les efforts déployés par les banques pour solidifier leur base capitalistique ces dernières années ont renforcé leur capacité à résister à des chocs importants », a expliqu é Mario Quagliariello, directeur de l’analyse économique et des statistiques de l’ABE.
Mais si le résultat général semble satisfaisant, il est beaucoup plus contrasté au niveau individuel.
Ainsi, les banques britanniques et allemandes ressortent grandement fragilisées de ce stress test.
Barclays, le plus mauvais élève, est la dernière banque du classement (48ième) avec un CET1 qui tombe à 6,37 %, juste derrière Lloyds Banking Group avec 6,8 %, soit en-dessous du minimum de 7% requis par les normes bancaires internationales pour des établissements de cette importance.
Du côté des banques allemandes, la Deutsche Bank occupe la 41èmeplace avec un CET1 de 8,14%.
Les banques italienne souffrent également (par exemple Banco BPM arrive en avant dernière position avec 6,67%).
En France, les résultats sont très hétérogènes. Les banques mutualistes obtiennent de bons résultats : le Crédit Mutuel obtient un CET1 de 13,18%, le groupe BPCE (Banques Populaires Caisses d’Épargne) de 10,68%, et le groupe Crédit Agricole 10,21%.
Mais d’autres ressortent avec une ratio en-dessous de la moyenne européenne : c’est le cas de BNP Paribas (8,64%), de La Banque Postale (8,22%) mais surtout de la Société Générale, particulièrement éprouvée, avec 7,61% (42ème).
Dans le scenario catastrophe, un groupe de 25 banques seraient tenues par les autorités de réglementation de cesser de verser des dividendes pour renforcer leurs fonds propres. Barclays, Deutsche Bank, HSBC, Santander, ING mais aussi BNP Paribas et Société Générale font partie de ce groupe.
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