Article écrit le 10/01/2020 – Par MINGZI – Crédit photo : 123RF
Alors que beaucoup espéraient la fin de la politique monétaire accommodante de la BCE (Banque centrale Européenne), celle-ci a encore été prolongée en 2019. À l’occasion de son intervention à l’Université Paris-Dauphine le 9 janvier dernier, François Villeroy de Galhau, le Gouverneur de la Banque de France, a fait le point sur les effets de cette politique pour les ménages, les États, entreprises, les banquiers et assureurs. Selon lui, « les effets positifs restent dominants, même s’ils ont leurs limites aujourd’hui ».
Les taux bas ont permis de soutenir l’économie. Le FMI estime que sans cette politique, la croissance mondiale aurait été inférieure de 0,5 point en 2019 comme en 2020. En zone euro, les effets sont même estimés entre 2 à 2,5 points de croissance. Et plus de croissance, c’est aussi moins de chômage : sur les plus de onze millions d’emplois créés dans la zone euros entre 2013 et 2019, deux à trois millions seraient attribuables aux effets de la politique de taux bas.
ménages français : les épargnants sont les grands perdants
La politique de taux bas a d’une part permis aux ménages d’emprunter à des taux historiquement faibles et d’autre part, du fait de la croissance, a également permis aux ménages, y compris les plus défavorisés, de bénéficier de la reprise de l’emploi.
En revanche, les épargnants sont les grands perdants de cette politique car le rendement des actifs sans risque (livrets, fonds en euros de l’assurance vie …) est au plus bas. Certaines banques de la zone euro en sont même arrivées à appliquer un taux négatif sur les dépôts, un peu comme une « taxation de l’épargne ». Le gouverneur de la Banque de France estime néanmoins qu’il n’est ni probable, ni souhaitable, d’appliquer des taux négatifs aux particuliers ou aux PME en France.
Les entreprises ont bénéficié d’un financement à coût faible
Les taux bas ont permis aux entreprises en zone euro, notamment les PME et TPE, d’accéder facilement à un financement à faible coût. Le gouverneur précise néanmoins qu’elles ont cessé globalement d’être emprunteuses nettes, c’est-à-dire qu’elles peuvent autofinancer complètement leurs investissements.
Les États sont les grand gagnants
Les États sont les grands gagnants de cette politique des taux bas car elle leur a permis de réaliser de substantielles économies sur le coût de la dette. Par exemple, la France, qui s’endette à taux négatif jusqu’à 9 ans, a vu la charge de ses intérêts divisée par deux en vingt ans. Les contribuables auraient pu eux-aussi en bénéficier indirectement, mais dans le même temps, le volume de la dette a été multiplié par 1,6. Plutôt que de les inciter à faire des économies, les taux bas ont incité les États à s’endetter encore plus … Paradoxalement, ils sont en partie responsables de l’explosion de la dette, rendant difficilement envisageable une remontée trop brutale des taux.
Les banquiers et assureurs en ressortent affaiblis
En rendant les coûts de financement plus faibles, la politique de taux bas a permis d’améliorer la solvabilité des emprunteurs et donc de faire baisser le coût du risque pour les banques.
Mais bien que la capacité du secteur financier à absorber les chocs se soit considérablement renforcée depuis la crise de 2008, les taux bas mettent à mal la rentabilité des banques et des compagnies d’assurance. La stabilité du secteur financier s’en trouve fragilisée.
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