Article écrit le 02/03/2025 – Par MINGZI – Crédit photo : Shutterstock
En 2024, les Français ont atteint un taux d’épargne record de 17,9 %, mais leurs placements financiers restent à des niveaux historiquement bas. Entre incertitudes économiques, craintes liées à la dette publique et aversion au risque, l’épargne peine à se transformer en investissements productifs. Explications.
Selon la 18e vague du baromètre BPCE L’Observatoire Audirep, l’année 2024 a été marquée par une évolution contrastée des comportements d’épargne et de placement des Français. Alors que l’inflation a reculé et que le pouvoir d’achat s’est légèrement redressé, les inquiétudes persistantes, notamment autour de la dette publique et de l’incertitude politique, ont influencé les décisions financières des ménages.
Une épargne toujours élevée mais des flux financiers en berne
En 2024, le taux d’épargne des ménages a atteint un niveau exceptionnellement élevé de 17,9 %, bien au-dessus de la moyenne de 14,6 % enregistrée entre 2010 et 2019. Selon l’étude, ce pic s’explique par une combinaison de plusieurs facteurs : les craintes liées à la dette publique, la dissolution de l’Assemblée nationale et une incertitude économique globale. En effet, 71 % des Français se déclarent préoccupés par le niveau de la dette et 83 % craignent une hausse des impôts. Ces inquiétudes renforcent l’épargne de précaution.
Cependant, cette épargne record n’a pas été pleinement mobilisée pour des placements financiers. Les flux nets vers les produits financiers ont atteint seulement 32,1 milliards d’euros de janvier à septembre 2024, soit la moitié de la moyenne observée avant la crise sanitaire. Ce faible niveau s’explique notamment par le recul des crédits immobiliers, qui limite les liquidités disponibles pour des investissements.
Des arbitrages financiers en phase de stabilisation
Selon le baromètre, contrairement à 2023, où les arbitrages financiers avaient été particulièrement marqués, 2024 a vu une certaine normalisation des comportements. Les sorties nettes sur des produits comme le Plan Épargne Logement (PEL) se sont poursuivies, atteignant -27,7 milliards d’euros. Toutefois, les mouvements sur les livrets défiscalisés, les dépôts à vue et les livrets fiscalisés ont été moins prononcés qu’auparavant. À noter également, la résilience de l’assurance vie, soutenue par la stabilisation de l’inflation et l’attractivité des fonds en euros, qui semblent regagner en popularité.
Une appétence modérée pour les actifs risqués
L’aversion au risque demeure forte chez les Français, 52 % d’entre eux refusant d’intégrer une part de risque dans leurs investissements. Cependant, une ouverture progressive vers des placements légèrement plus risqués est observable, notamment via l’assurance vie en unités de compte et l’épargne salariale. En revanche, les flux nets cumulés sur les actions restent faibles, et les OPC continuent de pâtir d’une désaffection.
Parallèlement, les cryptomonnaies commencent à apparaitre comme une option mais pour une minorité seulement. Environ 15 % des Français ont investi ou envisagent d’investir dans ce type d’actifs. Les détenteurs de cryptomonnaies, principalement masculins (82%), urbains (89%) et disposant de revenus élevés, se distinguent par des stratégies financières très dynamiques et une forte tolérance au risque.
Perspectives pour 2025
Selon l’étude, la collecte sur les livrets défiscalisés, dopée en 2024 par des taux réglementés attractifs, devrait chuter à 6,3 milliards d’euros en 2025, contre 29,1 milliards en 2024. Cela s’explique par l’abaissement des taux du livret A et du LEP. En revanche, l’assurance vie pourrait tirer profit de ce contexte.
Malgré la diminution de l’inflation et des taux directeurs, les Français resteront prudents face à l’incertitude économique et politique. Le taux d’épargne devrait encore s’établir à un niveau élevé, aux alentours de 17,6 %, ce qui continuera de peser sur la consommation et la croissance économique, estimée à seulement 0,8 % en 2025.