Article écrit le 13/05/2021 – Par MINGZI – Crédit photo : 123RF
Les espaces maritimes sont des éléments essentiels dans le cadre de la mondialisation à l’instar des espaces terrestres pour plusieurs raisons : plus de 80% du commerce mondial transite par les routes maritimes, les deux tiers de la population sont concentrés sur les littoraux et les milieux aquatiques sont des sources extrêmement riches en hydrocarbures, minéraux et en ressources halieutiques.
La ZEE et les eaux internationales
Définies lors de la conférence de Montego Bay en 1982, les ZEE (Zone Économique Exclusive) sont des zones de 200 miles marins (370 km) à partir du trait côtier, où l’exploitation des ressources est la propriété exclusive de l’État. Les zones maritimes hors ZEE sont appelées « eaux internationales ».
Les eaux internationales recouvrent 60% de la surface de la planète et ne sont soumises à aucune souveraineté et aucune juridiction étatique. La haute mer est ainsi une zone commune de l’ensemble des pays du globe puisqu’aucun État ne peut revendiquer ou exercer sa souveraineté ou de droits souverains.
Le principe de liberté des mers s’y applique et permet une liberté de navigation, de survol, de pose de câbles et pipe-lines sous-marins, la création d’îles artificielles autorisées par le droit international, de pêche et de recherche scientifique.
La ZEE ou un fort potentiel économique et stratégique
La France possède le deuxième plus grand domaine maritime avec 11 millions de km2 , derrière celui des États-Unis en superficie.
Le domaine maritime français est composé en grande majorité des territoires d’outre-mer (97%). La Polynésie et les archipels du Pacifique représentent la plus grande surface du domaine maritime avec 4,5 millions de km2. Les autres principales localisations françaises sont : les terres australes et antarctique (presque 2 millions de km2) ; l’île de Clipperton dans l’océan Pacifique avec une ZEE de 440 000 km2, tandis que les zones maritimes de France métropolitaine sont d’une surface de 350 000 km2. Notre ZEE recèlerait des gisements de pétrole et de gaz dans les trois océans : au large de la Nouvelle-Calédonie, de Saint-Pierre-et-Miquelon, de Mayotte et de Juan de Nova.
Il existe aussi un immense potentiel pour produire de l’énergie à partir des océans : énergie marémotrice (produite par le flux et reflux des marées), hydrolienne (due aux courants sous-marins), houlomotrice (produite par le mouvement des vagues et la houle), thermique (issue du différentiel de température entre eaux chaudes de surface et eaux froides de profondeur) ou encore l’éolien offshore.
Enfin, les fonds marins sont riches en métaux rares et en nodules polymétalliques, des concrétions rocheuses reposant sur le plancher océanique et contenant notamment manganèse, cuivre, cobalt et nickel.
La France ne produit pas de terres rares à ce jour, mais elle dispose là encore de sérieux atouts dans la compétition qui s’annonce pour explorer et exploiter ces ressources marines profondes, tant au niveau de l’expertise scientifique et technologique en matière de grands fonds marins, que des capacités d’exploitation minière. C’est dans l’océan Pacifique que se situeraient les principaux gisements (100 milliards de tonnes selon des chercheurs japonais)
Notre ZEE permet à notre marine de se déplacer sur tous les Océans du Monde.
Mais les espaces maritimes sont aussi des sources de tension très importantes
Les voies maritimes empruntent des points de passage obligés : caps, canaux et détroits. Ils attirent les actes de piraterie et de terrorisme, notamment dans la corne de l’Afrique, le Détroit d’Ormuz et de Malacca.
La recherche de nouvelles routes notamment par l’Arctique provoque de potentiels conflits : le réchauffement climatique, les progrès techniques et la hausse du coût des matières premières rendent potentiellement rentable le passage du Nord-Ouest.
Le symbole de la géopolitique : les tensions en mer de Chine, autour de la délimitation des ZEE, de l’appropriation des ressources et du contrôle de la route maritime asiatique, sont un bon exemple de l’enjeu que représentent les espaces maritimes et de la montée en puissance des pays émergents. Les États-Unis ont fait de la zone Pacifique leur priorité commerciale et diplomatique.
La maîtrise des mers est un signe de puissance politique et militaire. Les interventions militaires récentes ont toutes été soutenues par une force navale conséquente, essentiellement américaine. On constate des investissements conséquents par les pays émergents pour augmenter leur puissance navale et contester ainsi la suprématie américaine.
Conclusion
Les espaces maritimes, mêmes s’ils sont réglementés par des conventions internationales, sont à la fois un potentiel de richesse mais aussi source de tensions entre les grandes puissances.
Comme l’a dit le grand navigateur anglais Sir Walter Raleigh « Qui tient la mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même
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