Article 09/09/2018
Décidée en 2015, l’augmentation des cotisations retraites complémentaires des salariés du privé sera mise en œuvre en janvier prochain. Cotiser plus aujourd’hui pour gagner moins à la retraite ?
L’augmentation des cotisations retraites complémentaires des salariés du privé a été décidée il y a trois ans, dans le cadre des négociations avec les partenaires sociaux pour redresser les comptes des régimes de retraites Agirc et Arrco.
La mesure était passée inaperçue, dans l’ombre de l’annonce du système de décote/surcote visant à inciter les salariés à travailler plus longtemps (qui sera mis en œuvre en janvier également) et qui avait fait grand bruit.
Le taux d’appel passe de 125% à 127%
Le taux d’appel est aujourd’hui de 125% : le régime de retraite prélève 25% de plus que la cotisation retraite effectivement due par le salarié. Ces 25% de « sur-cotisation » ne lui ouvrent aucun droit retraite. Ils sont destinés à redresser les comptes du régime. Ce taux va passer à 127% en janvier. Cette mesure devrait rapporter 800 millions d’euros par an à l’Agirc-Arrco.
Par ailleurs, sur la fraction du salaire des cadres comprise entre 3 300 et 13 200 euros par mois, la cotisation va augmenter de 0,56 point. Gain attendu : 600 millions d’euros en 2020.
Les salariés non cadres gagnant plus de 3 300 € cotiseront plus
En janvier, avec la fusion Agirc-Arrco, les distinctions entre catégories de salariés vont disparaître. Il ne restera plus que deux tranches : une tranche en dessous de 3 300 euros et une autre au-dessus.
Cette mesure va impacter les salariés qui ne sont pas cadres mais qui perçoivent des salaires supérieurs à 3 300 euros. Aujourd’hui, ils ne cotisent pas à l’Agirc (retraite complémentaire des cadres). Demain, ils cotiseront comme les cadres. Gain attendu : 300 millions d’euros par an.
Une nouvelle contribution
Jusqu’à fin 2018, les cadres gagnant moins que 3 600 euros par mois payent une cotisation forfaitaire qui leur permet de bénéficier d’une retraite Agirc. Cette garantie va disparaître. Les droits déjà acquis par ces cadres seront financés par une nouvelle contribution de 0,35% payée par tous les salariés gagnant plus de 3 300 euros par mois.
Une hausse des cotisations qui tombe mal
En fin d’année, le gouvernement avait redonné du pouvoir d’achat aux français en baissant les cotisations salariales et en supprimant progressivement la taxe d’habitation. Le bénéfice de ces mesures risque d’être réduit à néant par l’augmentation des cotisations retraite. Sans oublier l’effet psychologique de la mise en place du prélèvement de l’impôt à la source en janvier prochain.
C’est également une entrée en matière délicate pour la réforme des retraites (qui ne concerne pas a priori les régimes de retraites complémentaires) lancée par Emmanuel Macron en juin dernier. Le Président souhaite mettre en place un régime de retraite universel dans lequel «un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé».
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