Article écrit le 10/05/2019 – Crédit photo : 123RF
On pensait que la fonte de la banquise au pôle Nord ne serait qu’un enjeu environnemental, mais les sujets économiques, géopolitiques et militaires sont en train de prendre le dessus.
Une zone géographique hostile
L’Arctique est une zone géographique située autour du cercle polaire. Elle sétend sur 21 millions de km2 dont 12 millions de km2 d’Océan Arctique, soit 6 fois la taille de la Mer Méditerrannée. La température y oscille entre -5 et -35 degrés. Les profondeurs de cette mer peuvent atteindre 3 à 5 000 mètres.
Les peuples de l’Arctique sont évalués entre 300 et 500 000 personnes. Sur la banquise, on dénombre environ 30 000 ours polaires et 200 000 morses.
Une modification environnementale récente qui met en lumière 3 enjeux économiques
La fonte de la banquise depuis 30 ans (passée de 6,8 millions de km2 entre 1981-2010 à 4,95 millions en 2018, soit -28%) permet d’envisager :
- d’exploiter des ressources pétrolières et gazières (22% des réserves mondiales d’après le Geological survey)
- de développer la pêche et l’aquaculture
- d’ouvrir de nouvelles routes maritimes par le Nord : deux nouveaux passages maritimes pourraient permettre de relier par bateau l’Asie à l’Occident beaucoup plus rapidement, sans passer par les canaux de Suez ou de Panama (30 à 40% de distance en moins que par le Sud).
Une gouvernance fragile avec le Conseil de l’Arctique créé en 1996
Ce conseil rassemble les 8 pays riverrains du cercle polaire : le Canada, la Russie, les USA, le Danemark, la Finlande, la Suède, la Norvège et l’Islande. Son objectif est de trouver des consensus.
Cependant, l’Articque est en train de devenir un espace concurrentiel pour le développement des ressources (Russie), pour créer une « route de la soie polaire » (Chine) et les USA renforcent leur présence militaire pour contrecarrer ces initiatives qu’ils considèrent « agressives » (M Pompéo, chef de la diplomatie américaine).
Les États-Unis craignent les ambitions militaires de la Russie dans cette zone, mais surtout celles de la Chine. Bien qu’elle ne se situe pas dans l’Arctique, la Chine est de plus en plus active dans cette région. Elle est devenue membre observateur du Conseil de l’Arctique en 2013. » Les États-Unis et les pays de l’Arctique accueillent favorablement les investissements chinois transparents, du moment qu’ils reflètent des intérêts économiques et non des ambitions de sécurité nationale. Entre 2012 et 2017, les investissements chinois dans l’Arctique ont atteint près de 90 milliards de dollars. Il est question de construire une infrastructure allant des Territoires du Nord-Ouest du Canada à la Sibérie. » a déclaré le chef de la diplomatie américaine.
Le brise glace ou le nouvel indicateur des tensions polaires
L’environnement Arctique étant hostile malgré le réchauffement climatique de la région, la construction de brise glace a repris pour circuler dans cet Océan. À ce jour, le classement des pays selon le nombre de brise-glace est le suivant :
- Russie : 55 dont 3 à propulsion nucléaire
- Canada : 11
- Finlande : 9
- Suède : 9
- USA : 6
- Norvège : 2
On pressent que la tâche va être difficile pour les pays qui défendent les priorités environnementales de l’Arctique face aux défis géopolitiques qui s’annoncent.