Article écrit le 27/10/2017
La Banque centrale européenne (BCE) a décidé de réduire progressivement son soutien à l’économie de la zone euro, sans faire évoluer ses taux directeurs. Qu’est ce que cela veut dire ?
La politique monétaire de la BCE
Conséquence de la crise de 2008, la BCE achète tous les mois 60 milliards d’euros d’obligations émises par les États ou les acteurs financiers (exemple : les banques). C’est énorme : c’est l’équivalent du budget annuel de l’éducation nationale ou encore de l’impôt sur le revenu 2015. Cela s’appelle du Quantitative Easing.
Conséquence : les taux d’intérêt baissent. C’est la loi de l’offre et de la demande. Quand l’offre est fortement supérieure à la demande : les prix baissent. Pour les États et les banques, emprunter devient facile et pas cher. Un taux à zéro, cela signifie que l’argent est gratuit !
Pourquoi la BCE fait-elle cela ?
- Pour alléger le coût de la dette des États : si les taux des obligations d’États sont trop élevés, ces derniers risquent de ne pas pouvoir rembourser leurs dettes. En 2000, avant la crise, la dette de l’État français s’élevait à 845 milliards d’euros et le pays devait rembourser 42 milliards d’euros d’intérêts par an. En 2015, grâce à la politique de taux bas de la BCE, le remboursement des intérêts de la dette est stabilisé à 45 milliards d’euros.
- Pour relancer l’économie : en injectant chaque mois 70 milliards d’euros dans les banques, la BCE espère faciliter l’accès au crédit pour les entreprises et pour les particuliers et donc booster la consommation et les emplois.
La BCE réduit l’ampleur de son soutien à l’économie mais ne fait pas évoluer les taux
La banque centrale a décidé de réduire progressivement son soutien à l’économie de la zone euro. Ses rachats mensuels de dette publique (obligations d’États) vont ainsi être réduits de moitié et passer à 30 milliards d’euros par mois entre janvier et septembre 2018.
Néanmoins, la BCE se réserve la possibilité d’augmenter à nouveau ce montant si les perspectives devaient s’assombrir en zone euro, et n’engagera une remontée de ses taux d’intérêt que «bien après» la fin des rachats d’actifs, indique-t-elle.
En conséquence, la BCE n’a pas fait évoluer ses taux directeurs : le principal taux de refinancement des banques a été maintenu à zéro et les banques vont continuer à payer pour déposer auprès de la BCE des liquidités dont elles n’ont pas d’utilité immédiate (taux de dépôt négatif à -0,40%).
Mais la BCE maintient un degré élevé de stimulation
Cette décision de la BCE est motivée par un niveau de croissance et d’inflation dans la zone euro plutôt encourageant. Néanmoins, elle reste prudente vis-à-vis du taux d’inflation qui est encore très éloigné du niveau cible (2% annuel). L’inflation était de 1,5% sur un an en septembre et elle est appelée à se tasser cet hiver en raison d’effets sur les prix de l’énergie. Ce contexte justifie aux yeux de la BCE le maintien d’une politique « accomodante ».
Toutefois, le président de la BCE a insisté sur la « confiance croissante » de la banque centrale dans les perspectives de croissance et d’inflation et s’attend à une « convergence graduelle des taux d’inflation » vers l’objectif de la BCE grâce à « l’expansion économique de plus en plus solide et large ».
Un discours qui rassure les marchés financiers
Le discours de Mario Draghi a été bien perçu par les marchés financiers. Le CAC 40 est parvenu à battre son niveau du 5 mai dernier (5 432 points) et, avec 5 455 points, a même atteint son plus haut niveau depuis janvier 2008.
À lire aussi …