Article écrit le 16/12/2018 – Par Myriam Souveton – Crédit photo : Fotolia
La Banque centrale européenne a annoncé l’arrêt de son programme d’achat d’obligations dit « QE » en décembre. Décryptage.
Pour gérer les conséquences de la crise de 2008, la BCE avait lancé en 2015 un vaste programme d’achat d’obligations émises par les Etats, puis par les entreprises. Ce programme, appelé Quantitative Easing (QE) a démarré par 80 milliards d’euros de rachat de dette par mois. Il avait été réduit à 60 milliards d’euros fin 2016, puis à 30 milliards d’euros en janvier.
L’objectif était à la fois d’alléger le coût de la dette des États et de relancer l’économie : en injectant chaque mois des dizaines de milliards d’euros dans les banques, la BCE a facilité l’accès au crédit pour les entreprises et pour les particuliers et boosté la consommation et les emplois.
Ce dispositif lui a permis d’injecter près de 2 600 milliards d’euros sur les marchés.
Pourquoi la BCE a t’elle décidé d’arrêter son programme de Quantitative Easing ?
En raison des bons chiffres de l’économie européenne, la BCE avait annnoncé dès juin dernier l’arrêt progressif de son programme à la fin de l’année. Le taux de chômage de l’Union européenne (6,7% en septembre 2018) a atteint son niveau le plus faible depuis la crise de 2008, la croissance (2,3% pour 2017) a retrouvé sa vigueur et le taux d’inflation (2,2% en septembre 2018) reste conforme à la cible (2%).
Par ailleurs, l’excédent de liquidités a fait exploser le taux d’endettement privé (ménages et entreprises) : il atteint 120% du PIB pour la zone euro, montrant que les limites du dispositif de QE ont probablement été atteintes.
« Les chiffres de la zone euro aujourd’hui justifient cette normalisation progressive. La croissance devrait rester autour de 1,7% en 2019 et 2020, l’inflation revient vers notre cible de 2% » a expliqué François Villeroy de Galhau, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, dans Les Echos.
La BCE continuera à soutenir l’économie face aux incertitudes et aux risques
Si Mario Draghi a admis que les risques pesant sur l’économie de la zone euro « évoluent désormais à la baisse », il s’est néanmoins montré prudent sur les évolutions à venir, expliquant que les indicateurs économiques suggèrent « une dynamique de croissance plus faible qu’auparavant » : selon les prévisions de la BCE, le PIB de la zone euro ne progresser que de 1,9% cette année et 1,7% l’an prochain.
En effet, un certain nombre de risques et d ‘incertitudes s’accumulent sur l’économie européenne : hard brexit (sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord), guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, conflit sur le budget italien, menace du protectionnisme …
La BCE s’est dite prête à prolonger son soutien à l’économie et à réagir si besoin.
Les taux resteront bas au moins jusqu’à l’été 2019
La BCE a indiqué ses taux resteraient à leurs niveaux actuels historiquement bas au moins jusqu’à l’été 2019 et « aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme ».
La BCE s’engage à réinvestir
La BCE s’est également engagée à réinvestir « sur une période de temps prolongée » les intérêts et les montants correspondant au remboursement des obligations arrivant à échéance. Cela correspond à 17 milliards d’euros par mois l’an prochain. En faisant cela, la BCE maintient son stock de 2 600 milliards d’euros d’obligations d’Etats et d’entreprises. La gestion du stock devient ainsi un nouvel instrument de politique monétaire.
« La politique monétaire est crédible, mais elle reste flexible face aux incertitudes. Nous n’arrêtons pas le « QE », puisque nous détiendrons toujours un stock de titres élevé grâce au réinvestissement des remboursements ; les taux d’intérêtresteront inchangés au moins jusqu’à l’été 2019 ; nous pourrons fournir si nécessaire la liquidité pour l’économie via les banques. Nous disposons donc encore d’un trio puissant d’instruments » explique François Villeroy de Galhau dans Les Echos.
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