Article écrit le 02/11/2017
L’histoire montre que le destin de l’Espagne repose sur l’unité Madrid – Barcelone à laquelle on pourrait ajouter Bilbao (le Pays Basque). Exacerbée par sa lutte contre le pouvoir centralisateur de Madrid, l’exigence d’indépendance de la Catalogne ne serait-elle pas disproportionnée ?
Unies, la Castille et la Catalogne font la grandeur de l’Espagne
C’est l’alliance entre Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon (le Catalan), nouée par un mariage le 14 octobre 1469, qui permet la grandeur de l’Espagne.
Ensemble, ils annexent la Navarre, ils prennent Grenade aux Maures et achèvent la Reconquista de l’Espagne en 1492, plaçant ainsi tous les territoires sous l’autorité d’une seule couronne et régnant sur tout le territoire qui forme (quasiment) l’Espagne actuelle. Le pâpe Alexandre VI leur décerne le titre de Rois Catholiques.
Ensemble, la même année, l’Espagne découvre l’Amérique : ils acceptent de financer l’expédition de Christophe Colomb qui découvre les « Indes occidentales ».
C’est la Castille et la Catalogne unies qui permettent le siècle d’or espagnol (1492 – 1660)
La Catalogne : une fierté mise à mal
Une rivalité Barcelone (Catalogne) – Madrid (Castille) marquée par deux dates symboliques :
1714 : la guerre de succession d’Espagne se termine par la prise de Barcelone qui a choisi les Hasbourg contre les Bourbons (Madrid). La question de la succession d’Espagne se pose au décès du roi d’Espagne Charles II de Habsbourg qui meurt sans descendance. Les deux principales familles régnantes d’Europe, celle de France (Bourbon) et celle d’Autriche (Habsbourg), apparentées à Charles II, revendiquent alors le trône. Les Bourbons sortent vainqueurs et abolissent tous les privilèges de la Catalogne qui doit alors se résoudre à n’être qu’une province espagnole.
1939 : le dictateur Franco prend Barcelone, dernier bastion des républicains. L’offensive de Catalogne permet au camp nationaliste d’achever sa prise en main de l’Espagne. La Catalogne, qui était jusque là un important lieu de résistance républicain, est réduite au silence. Les nationalistes mettent la main sur les industries de la région et sur la deuxième ville d’Espagne. Une sévère répression contre les républicains est organisée, l’autonomie de la Catalogne est supprimée et l’usage du catalan interdit. Encouragé par la répression franquiste et soutenu par l’essor économique de la région, le mouvement de protestation catalan se met en place progressivement vers la fin des années 50.
L’histoire de la Catalogne est marquée par la lutte contre le pouvoir centralisateur de Madrid
Une exigence disproportionnée ?
L’essor industriel de la Catalogne, son histoire et sa langue peuvent expliquer son souhait d’être une région autonome.
La Catalogne représente 16% de la population totale et 20% du PIB de l’Espagne, 30% de ses exportations et 50% de l’activité à forte valeur ajoutée (arts, haute gastronomie, sciences). Le taux de chômage est de 4 points inférieur à celui de l’ensemble du pays.
Toutefois, la Catalogne est l’une des régions les plus endettées d’Espagne et elle exporte 70% de sa production dans le reste de l’Espagne …
L’histoire montre que le destin de l’Espagne repose sur l’unité Madrid – Barcelone à laquelle on pourrait ajouter Bilbao (le Pays Basque). Exacerbée par sa lutte contre le pouvoir centralisateur de Madrid, l‘exigence d’indépendance de la Catalogne ne serait-elle pas disproportionnée ?