Article écrit le 16/06 – Par Sarah CANTET– Crédit image : Shutterstock
Il est communément admis que la population humaine n’a de cesse de croitre. Le fait que celle-ci soit passée d’un milliard en 1800 à près de 8 milliards aujourd’hui renforce cette idée.
Cependant, le phénomène de transition démographique engendre des variations du taux de croissance créant un cycle non linéaire malgré une hausse croissante de la population mondiale. Ce processus est un modèle suivi par tous les pays malgré des spécificités nationales dans son application dans le temps. Pour la majorité d’entre eux, ce phénomène est déjà accompli, parfois depuis plusieurs décennies, marquant la fin d’une hausse croissante de la population en leur sein.
Prévisions onusiennes : un référentiel mondial
Trois phénomènes reliés au processus de transition démographique font l’objet des prévisions onusiennes : la disparition, la stagnation et l’accroissement parfois nommé explosion de la population (c’est à dire un taux de natalité nettement supérieur au taux de mortalité).
Selon les estimations, une soixantaine de régions notamment européennes, mais pas que, devraient voir leur population diminuer d’ici à 2050 tels que le Japon ou la Bulgarie. La Chine connait, depuis 2022, sa première baisse qui devrait se transformer en tendance durable. D’autres pays tels que l’Italie ou le Portugal voient déjà décroitre leur population avec un taux de fécondité situé entre 1,2 et 1,6 enfant par femme selon la Banque mondiale.
Au contraire, si les populations européennes, américaines et asiatiques devraient diminuer d’ici 2100, une croissance démographique fulgurante est prévue pour le continent africain avec près de 38% de la population mondiale qui devrait y vivre, contre 18% aujourd’hui.
8 milliards d’individus sur Terre à partir et depuis 2022, 9,7 milliards de prévu en 2050 et près de 11 milliards vers l’an 2100, voilà comment l’ONU se projetait, en 2018, pour l’avenir quantitatif de la population mondiale.
Cependant, en 2023, les projections issues du même organisme pensent que le point culminant des 11 milliards de personnes ne sera pas atteint. Les nouvelles projections s’accordent à un pic à 10,4 milliards de personnes avant d’amorcer une décroissance.
Un modèle consacré mais complété
Une nouvelle étude, à l’initiative de chercheurs issus de Earth4All pour la Global Challenges Foundation, complète et revoit à la baisse l’approche des Nations Unies. Leur modélisation permet d’appréhender 2 scénarios :
- Dans un premier cas, le monde poursuit dans la continuité de ces 50 dernières années son développement économique. En ce sens, selon leurs projections, la population mondiale atteindra, dès 2046, un peu moins de 9 milliards d’individus avant de décliner, en 2100, à 7,3 milliards.
- La seconde possibilité est surnommée « le saut de géant ». En effet, la population mondiale atteindrait vers 2040 un pic à 8,5 milliards d’habitants avant de chuter à 6 milliards à la fin du siècle. Ce scénario serait rendu possible par des investissements mondiaux, massifs et sans précédent dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la lutte contre la pauvreté ainsi que les inégalités, corrélés à un essor des énergies propres.
De plus, selon James Pomeroy, économiste chez HSBC, « La probabilité que la taille de la population mondiale commence à se réduire dans les vingt prochaines années est bien plus élevée que ce que nous avions prévu initialement ». Cette prévision s’explique par un taux de fécondité en net recul dans une population déjà vieillissante.
Pourquoi la population mondiale augmente-t-elle alors que le taux de croissance de cette même population diminue ?
Malgré une tendance démographique à la baisse depuis la moitié du siècle dernier, la population ne va pas cesser de croitre dans les décennies futures à l’instar des pays d’Afrique et de certains pays d’Asie. Il s’agit de l’inertie démographique car la population mondiale comprend encore beaucoup d’adultes en âge de procréer.
Néanmoins, le ralentissement de la croissance démographique anticipé par les modalisations correspond déjà à une réalité et ce, également sur des continents où cette transition était envisagée plus tardivement par l’ONU comme l’Asie ou l’Amérique latine. Les prévisions sur la dernière moitié du XXe siècle se sont montrées relativement exactes et se sont inscrites dans une certaine continuité.
Cependant, ces cinq dernières années ont été davantage source de questionnements et de débats parmi les experts même si tous s’accordent à dire que le monde entre dans sa dernière phase de la transition démographique telle que nous la connaissons. Le nouveau phénomène qui prendra place après 2100 est, aujourd’hui, difficile à prévoir.