Article écrit le 07/06 – Par Sarah Cantet
Crédit photo : Shutterstock
Brexit episode 9: Despite a change of monarch the City keeps the crown
Certaines informations laissent penser que la bourse française a supplanté La City de Londres. Mais qu’en est-il vraiment de la puissance financière anglaise ?
Le Brexit ou l’aboutissement d’une recherche de plus d’indépendance
Le Brexit est une rupture dans l’histoire européenne qui ne rompt pourtant pas avec les positions britanniques. Celles-ci se sont toujours montrées réservées quant à la mutualisation des ressources financières et monétaires comme le souligne la position thatchérienne « I want my money back » (1979) ou l’utilisation de la clause de retrait (opting-out) du traité de Maastricht créant l’euro (1992). Cependant, les services financiers et bancaires de la City n’ont pas été épargnés par le divorce. La perte du passeport financier (voir Brexit épisode 3 : le grand bluff) interroge quant à la permanence de la place londonienne aux échelles européennes et mondiales et indirectement aux effets de ce surplus d’indépendance.
Les pôles financiers européens bénéficieront-ils de gains ou ceux-ci resteront-ils à la couronne ?
Depuis le Brexit, plus de 440 firmes ont déménagé du Royaume Uni à l’Union européenne. Dublin bénéficie d’une attractivité renforcée avec l’installation de 135 firmes sur son territoire. Paris voit sa position renforcée sur le marché de l’emploi et cherche à s’affirmer en premier centre financier européen.
Fin 2022, la presse française salue la capitalisation boursière parisienne qui dépasse celle de Londres. Néanmoins, si la valeur totale des actions cotées est supérieure en France, outre-manche, la City a une longueur d’avance en termes de volume d’activités.
Avec plus de 3 700 milliards de dollars d’opération quotidiennes, Londres représente aujourd’hui 38 % de l‘activité mondiale sur les monnaies malgré le choc suivant la sortie de l’Union Européenne.
Si la City, s’est vue doublée par le continent en termes de courtage d’actions, le Brexode – exode massif redouté – a été limité, lui laissant la première place financière d’Europe. Celle-ci reste attractive avec, en 2021, 122 introductions en bourse qui représentent près de 16,8 milliards de livres et 30 000 emplois créés.
En effet, selon le Global Financial Centres Index publié en 2023, Londres reste la deuxième place financière mondiale après New York et devant Singapour à défaut de pouvoir appliquer son modèle (voir Brexit épisode 6 : la sortie vers Singapour …). Paris (14e), Frankfort (17e) et Munich (18e) restent distancés, l’Union européenne perdant son marché de capitaux le plus développé.
Un Royaume uni par la finance ?
Fin 2022, le chancelier à l’échiquier du gouvernement de Rishi Sunak a annoncé une série de réformes. Ces dernières ont pour objectif de stimuler la croissance et d’assurer la compétitivité tout en favorisant le développement d’une coopération globale par le biais de partenariats internationaux pour les secteurs bancaires et financiers. Ces nouvelles réglementations sont traductrices de la poursuite du travail gouvernemental vers des actions régulatrices et indépendantes impulsées par le Brexit et renforcées par la crise épidémique.
Economie et politique s’ajoutent et s’entremêlent au secteur financier. En effet, la présentation de ces trente réformes de régulation, à Edinburg, en Ecosse pose question quant à la volonté de garder le royaume uni face aux revendications indépendantistes et européanistes des nations qui le constituent (voir Brexit épisode 4 : naissance et mort du Royaume-Uni). Néanmoins, ces projets législatifs sont débattus et ne font pas l’unanimité tout comme le maintien de la monarchie britannique après l’accession au trône du roi Charles III.
Previously on « Brexit » :
Brexit : épisode 1
Le Royaume-Uni : une île perdue entre l’Europe et les Etats-Unis ?
Brexit : épisode 2
Brexit : épisode 3
Brexit : épisode 3
Brexit épisode 6
Brexit : épisode 9