Article écrit le 17/01/2019 – Crédit photo : Fotolia
Auditionné devant de la Commission des finances du Sénat, François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, a fait le point sur la conjoncture économique en France et ses implications.
Une conjoncture relativement satisfaisante
Selon le Gouverneur, la conjoncture économique reste encore assez satisfaisante. D’après les prévisions de la Banque de France, l’activité devrait avoir progressé en France de 1,5 % en 2018 et la croissance pourrait être à nouveau de 1,5 % en 2019.
Avec la crise des « gilets jaunes », l’institution a ramené son estimation de la croissance du quatrième trimestre de 0,4 % à 0,2 % : « le commerce, la restauration, les transports ont été particulièrement pénalisés. L’impact final dépendra aussi de la durée de ce mouvement » estime François Villeroy de Galhau.
Ce dernier anticipe néanmoins que les mesures d’urgence adoptées par le Parlement suite aux revendications des « gilets jaunes » devraient avoir un impact positif sur l’activité économique en 2019, à hauteur de 0,1 à 0,2 point de PIB.
Le pouvoir d’achat des Français en hausse en 2019
La Banque de France estime que le pouvoir d’achat par habitant devrait croître de plus de 1,5 % cette année, soit le chiffre le plus élevé depuis douze ans (2007).
Sur cinq ans, de 2015 à 2020, le pouvoir d’achat moyen pourrait croître d’environ 6 %.
Il s’agit d’une moyenne qui ne tient pas compte de la situation individuelle de chaque Français. Le Gouverneur a souligné qu’« il faut rester très attentif aux effets de distribution et aux inégalités. Mais cette hausse est une bonne nouvelle d’ensemble ». D’autant plus que l’inflation ne devrait pas trop peser sur le pouvoir d’achat car elle devrait être maîtrisée à moins de 2% par an, et même 1% sur certains mois de 2019.
Le Gouverneur explique cette progression du pouvoir d’achat notamment par la création de 750 000 emplois en 3 ans (de 2016 à 2018). Par ailleurs, la productivité par salarié dans les entreprises est en progression (entre +0,8 % et +0,9 % par an) : de ce fait, la croissance donne un peu moins d’emplois mais plus de salaire par tête. Celui-ci pourrait s’accélérer, jusqu’à +2,4 % en 2020.
Mais des incertitudes perdurent
Cependant les incertitudes liées à l’environnement international (mesures protectionnistes des Etats-Unis, l’éventualité d’un Brexit sans accord) menacent la confiance et donc l’investissement et finalement la croissance. C’est pourquoi, la Banque de France prévoit un ralentissement de la croissance économique de la zone euro qu’elle chiffre à 1,7 % cette année, après 1,9 % en 2018.
Réduire la dette et les dépenses publiques : une priorité
Le déficit public de la France pour 2019 devrait atteindre 3,2 % du PIB, un niveau au-delà du seuil de 3% fixé par Bruxelles. Cette situation est due au cumul des mesures mises en place suite aux « gilets jaunes », mais également au paiement du dernier CICE (au titre de 2018) et à la baisse de charges pour les entreprises (au titre de 2019), soit une charge temporaire de 0,9 % du PIB pour les deux derniers postes.
Le Gouverneur souligne qu’il est indispensable de réduire les déficits et la dette publique notamment afin d’assurer l’équité entre générations de Français. « Nous ne pourrons pas continuer à régler nos problèmes en reportant les efforts sur nos enfants. Il sera donc souhaitable de redescendre autour de 2% de déficit en 2020, pour amorcer enfin une décrue de la dette rapportée au PIB, aujourd’hui très proche de 100 %. » a-t-il expliqué.
Pour cela, il faudra absolument réussir à stabiliser les dépenses publiques en volume, qui croissent encore de 0,5 % environ par an.
Financer les entreprises en fonds propres
En France et en Europe, les entreprises ne manquent pas de liquidités mais plutôt de fonds propres, plus adaptés aux projets innovants. Ils ne représentent que 77 % du PIB dans la zone euro (76 % en France) contre 124 % aux États-Unis.
Les Français, très attachés à la sécurité, se montrent peu friands de placements en actions. François Villeroy de Galhau se dit convaincu qu’il est « possible de mieux concilier actions – et donc rendement plus élevé – et sécurité, en faisant le choix du long terme, plutôt que de la liquidité ». Il salue à ce titre les mesures prévues dans le projet de loi PACTE comme le développement de l’Euro-croissance dans l’assurance vie et la refonte des produits d’épargne retraite.
Sur la question des actifs numériques ou « crypto-actifs », il estime qu’il convient de « mieux encadrer le bitcoin, qui a beaucoup des caractéristiques d’une bulle » en obligeant par exemple tous les prestataires de services « d’actifs virtuels » à s’enregistrer et en établissant un agrément obligatoire (et non pas optionnel) des prestataires au-delà d’un certain seuil.
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