Article écrit le 29/03/2020 – Par MNGZI – Crédit photo : 123RF
La crise sanitaire du coronavirus fragilise et déstabilise les économies et les marchés financiers. Assurance vie, SCPI … quels risques cette crise fait-elle peser sur vos placements ?
Quels risques pour l’assurance vie ?
La crise sanitaire du coronavirus a secoué les marchés financiers, provoquant une chute du CAC 40 de plus de 30% depuis le début de l’année et suscitant l’inquiétude des Français détenteurs d’un contrat d’assurance vie, que leur épargne soit investie en unités de compte ou en fonds en euros.
Les unités de compte
Avec l’érosion lente mais inexorable du rendement des fonds en euros, il est dorénavant nécessaire d’accepter de prendre une part de risque pour espérer obtenir du rendement. Les épargnants y ont été incités par les compagnies d’assurance vie en leur proposant d’investir une part de leur épargne en unités de compte. Si les unités de compte ne représentent que 20% de l’encours assurance vie, leur part dans la collecte a atteint 41% en décembre 2019, lorsque les marchés étaient au plus haut.
La chute vertigineuse des marchés financiers a donc provoqué une vive inquiétude chez les épargnants. Faut-il sécuriser son épargne et arbitrer les unités de compte vers le fonds en euros voire effectuer un rachat ? Faut-il ne rien faire et attendre que les marchés remontent ? Ou, au contraire, est-ce le moment d’investir sur les marchés financiers pour profiter d’un rebond à venir ? Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de raisonner à long terme. Pour les épargnants qui n’ont pas un besoin immédiat de leur épargne, il sera raisonnable de patienter dans l’attente d’un rebond. Pour ceux qui ont des réserves d’épargne suffisantes et qui n’ont pas une aversion au risque trop importante, il est même envisageable de profiter des prix bas pour investir, mais de manière raisonnable et progressive et toujours dans une optique de long terme.
Le fonds en euros
Les fonds en euros des contrats d’assurance vie sont composés en moyenne de 80% d’obligations, le reste se répartissant entre actions et immobilier. Les taux d’intérêt durablement bas mettent en difficulté les compagnies d’assurance vie qui doivent à la fois assurer la garantie du capital, sa disponibilité à tout moment, le tout avec un taux de rendement moyen autour de 1,40% en 2019. En provoquant la chute des marchés financiers, la crise du coronavirus est venue fragiliser encore plus les compagnies d’assurance vie.
La situation pourrait s’aggraver si les épargnants se mettaient à arbitrer massivement leurs unités de compte vers le fonds en euros de leur contrat. En effet, les compagnies devraient placer ces flux d’épargne dans des obligations dont les rendements sont de plus en plus faibles, tirant ainsi le rendement global du fonds en euros vers le bas et fragilisant leur capacité à garantir le capital.
Par ailleurs, historiquement, après un choc sur les marchés financiers, les épargnants ont plutôt tendance à se replier sur les actifs sans risque comme le fonds en euros pendant quelque temps. Si tel est le cas, les compagnies vont devoir composer avec cette situation.
Néanmoins, ces dernières années, les assureurs ont régulièrement fait des réserves. Tous les ans ils ont la possibilité de mettre en réserve une partie des revenus générés par le fonds en euros. Cette réserve appartient aux épargnants et doit leur être redistribuée sous 8 ans maximum. Par ailleurs, certains assureurs ont profité du pic des marchés financiers en fin d’année dernière pour concrétiser les plus-values latentes sur actions et immobilier.
Enfin, en dernier recours et si la situation l’exige, la loi Sapin 2 autorise de HCSF (Haut Comité de Sécurité Financière) à imposer certaines mesures aux compagnies d’assurance vie en difficulté, comme par exemple :
- limiter la possibilité de faire des versement sur le Fonds en Euros de votre contrat
- suspendre ou restreindre la possibilité de retirer votre épargne
- limiter la distribution de dividendes
Quels risques pour les SCPI ?
La première conséquence possible du coronavirus pour les SCPI est la baisse des dividendes distribués aux associés. En effet, les SCPI d’entreprise sont majoritairement investies en immobilier professionnel (bureaux, commerces, logistique, hôtellerie …). Conséquences du confinement, le chiffre d’affaires de nombreuses entreprises est en baisse, jusqu’au point de poser à certaines d’entre elles des problèmes de trésorerie. Celles-ci peuvent se retrouver dans l’impossibilité, plus ou moins temporaire selon la durée de la crise, d’honorer le paiement de leur loyer. Si la crise devait perdurer, le manque à gagner lié aux cessations de paiement et reports de loyers pourrait donc conduire les sociétés de gestion à distribuer des dividendes moins importants à leurs associés.
Autre conséquence possible : la baisse des prix. Depuis quelques années, les SCPI connaissent un grand succès. Les raisons : un rendement régulier autour de 4,50%, une prise de risque modérée et l’érosion du rendement des placements sans risque. Face à une demande de plus en plus importante, les SCPI battent des records de collecte. Mais le marché de l’immobilier professionnel n’est pas extensible et grâce à une conjoncture économique favorable ces dernières années, les prix de l’immobilier d’entreprise ont été tirés vers le haut. Un prolongement de la crise pourrait à la fois peser sur la demande locative et sur la demande de parts de SCPI, entrainant de fait une baisse des prix.
Toutefois, les SCPI ont de nombreux atouts pour résister à cette crise. Certaines SCPI devraient mieux résister que d’autres : c’est le cas par exemple de celles qui ont su investir dans des actifs diversifiés tant d’un point de vue géographique que sectoriel, de celles qui peuvent s’appuyer sur un patrimoine immobilier conséquent, ou qui ont été attentives à la qualité des locataires ou encore de celles qui ont privilégié des emplacements de qualité car elles ne devraient pas connaitre de difficultés pour retrouver des locataires en cas de défaillance de l’un d’entre eux. En revanche, d’autres SCPI peuvent être plus vulnérables si elles se sont spécialisées dans un secteur (par exemple les commerces ou encore l’hôtellerie) ou pourraient être impactées plus fortement par la crise en raison de leur petite taille.
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