Dernière mise à jour le 27/09/2020 – Par MINGZI – Crédit photo : 123RF
Garantie du capital, liquidité à tout moment et performance, telle était la promesse du fonds en euros. Mais plusieurs années d’érosion des taux d’intérêt auront eu raison du modèle. En 2020, le rendement moyen des fonds en euros devrait poursuivre sa baisse pour atteindre 1% selon le cabinet Facts & Figures. Mais après la baisse des taux, certaines compagnies d’assurance vie s’attaquent maintenant à la garantie du capital et à sa liquidité.
Garantie du capital, liquidité à tout moment et performance, telle était la promesse du fonds en euros. Mais plusieurs années d’érosion des taux d’intérêt auront eu raison du modèle. Les taux d’intérêt durablement bas, voire négatifs (le taux d’emprunt de l’État Français s’établit autour de -0,20% actuellement) mettent les assureurs dans une position intenable. L’année dernière, à l’occasion de l’annonce des taux 2019, Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France, avait donné le ton : « Le modèle de la sécurité absolue, de la liquidité permanente, de la garantie totale et à tout instant du capital, qui est finalement une réplication du modèle du Livret A, est à bout de souffle. Le monde du fonds euros roi est terminé ! » avait-il expliqué.
Dans ce contexte, les compagnies d’assurance vie multiplient les mesures pour limiter la collecte et préserver leurs fonds en euros. Après la baisse des taux et le durcissement des conditions d’accès au fonds en euros, certaines compagnies d’assurance vie s’attaquent maintenant à la garantie du capital et à sa liquidité.
Un rendement 2020 en baisse attendu autour de 1%
Depuis quelques années, le marché assiste à une baisse inexorable de la rémunération des fonds en euros. Sans surprise, en 2020, le rendement moyen devrait poursuivre sa baisse pour s’établir entre 1,00% et 1,10%, net de frais de gestion, selon le cabinet Facts & Figures, contre 1,33% l’année dernière. Cette tendance devrait perdurer dans les années à venir pour se stabiliser à un niveau plancher d’ici deux à trois ans : « nous allons vers un atterrissage du taux servi sur un plancher de 0,5 % à 0,7% d’ici deux à trois ans », estime Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures, dans Les Echos.
Dans ces conditions, l’assurance vie pourrait-elle devenir moins attractive que le livret A ? L’épargne logée sur un livret A est garantie et disponible à tout moment. Avec 0,5%, elle rapporte un peu moins que l’assurance vie, mais les intérêts générés sont exonérés d’impôts et de prélèvements sociaux, alors qu’ils sont imposés à un taux qui peut varier de 17,2% à 30% (impôt + prélèvements sociaux) sur l’assurance vie. En revanche, il ne sera pas possible d’investir plus de 22.950 euros sur le Livret A.
La garantie totale du capital est de plus en plus remise en question
La plupart des assureurs ont durci les conditions d’accès à leur fonds en euros en exigeant qu’une part minimum de chaque versement soit investie en unités de compte, des supports d’investissement potentiellement plus performants que le fonds en euros mais sans garantie du capital. Les épargnants restent toutefois très attachés à la sécurité : le fonds en euros pèse près de 1 400 milliards d’euros, soit 80% de l’encours de l’assurance vie. La garantie du capital représente donc un enjeu de taille pour les compagnie d’assurance vie. Pourtant, certaines d’entre elles commencent à la remettre en question.
De nombreux assureurs ont discrètement aménagé les conditions générales des contrats pour ne garantir désormais que le capital brut de frais de gestion. Par conséquent, le capital n’est plus garanti à 100% dès lors que les frais de gestion sont plus élevés que le rendement brut du fonds en euros. À titre indicatif, ces frais peuvent varier de 0,6% à 1%.
De façon plus transparente, d’autres compagnies proposent des fonds en euros avec une garantie partielle du capital, comme par exemple le fonds en euros proposé par Apicil qui ne garantit que 96% du capital. Plus récemment, Spirica, filiale de Crédit Agricole Assurances, a annoncé la fermeture de ses fonds en euros dynamiques et propose à la place une nouvelle génération de fonds en euros au capital garanti entre 97,7% et 98%. En contrepartie de la perte de garantie totale du capital, ces assureurs espèrent pouvoir servir un rendement plus élevé que celui des fonds en euros classique.
Enfin, avec les nouveaux fonds euro-croissance, le capital n’est garanti qu’à l’échéance contractuelle prévue avec le client (8 à 10 ans la plupart du temps). À ce stade, ces fonds rencontre un succès très modéré auprès des épargnants.
Et maintenant, la liquidité …
Et maintenant, pour la première fois, un assureur s’attaque à la liquidité : Allianz vient de lancer un nouveau contrat, Allianz Vie Fidélité, dans lequel les gains du fonds en euros ne sont disponibles qu’au bout de 5 ans.
Pendant toute la durée du contrat, la participation aux bénéfices issue du fonds euros (c’est à dire les gains issus de la rémunération du fonds en euros) est automatiquement versée sur une unité de compte à risque modéré. Durant les 5 premières années suivant la souscription, les gains qui en découlent ne sont pas disponibles, sauf cas de déblocage anticipé prévu dans le contrat (invalidité de l’assuré, de son conjoint ou de ses enfants, perte d’emploi après liquidation judiciaire, expiration des droits au chômage, décès du conjoint, surendettement de l’assuré et handicap de son enfant). Le client peut toutefois effectuer un retrait avant les 5 ans, mais ses gains sont alors perdus. Il ne récupère que le capital diminué des frais de gestion (1,4% par an) et des frais d’entrée(jusqu’à 4,5%). Il perd donc de l’argent.
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