Article écrit le 26/02/2018
Ressources stratégiques pour l’économie, les métaux précieux sont souvent qualifiés de valeur refuge. C’est également un secteur qui doit faire face à de nombreux défis (économique, géopolitique, écologique, financier) et une forte volatilité. Au final, investir dans les métaux précieux est-il un bon placement ?
La demande de métaux précieux a explosé
Dans les années 70, le monde utilisait 20 métaux précieux (fer, aluminium, cuivre …). Aujourd’hui, il en utilise plus de 60 dont certains très rares.
Ces nouveaux métaux sont souvent liés au développement des nouvelles technologies et se sont généralisés dans la plupart des filières industrielles (électronique, médecine, fibre optique, panneaux solaires …)
Par exemple, l’antimoine pour les batteries automobiles, le gallium pour les cellules solaires, le cobalt dans les prothèses dentaires ou le beryllium pour les centrales atomiques. Un smartphone peut contenir jusqu’à 50 métaux différents.
Un défi géopolitique
Peu de pays possèdent ces métaux rares (Chine, Russie, République du Congo, Brésil, USA). La production mondiale est concentrée dans quelques pays et 50% à 90% des réserves se trouveraient en Chine.
Pour certains métaux précieux, les réserves sont entre les mains de quelques producteurs, parfois dans des pays en situation d’instabilité forte.
Cele pose un problème d’accès à ces métaux (sécurité, durabilité, coût) et donc un risque de pénurie d’approvisionnement élevé, souvent exacerbé par une faible capacité de substitution et des taux de recyclage bas.
Contribution des principaux fournisseurs mondiaux de matières premières critiques – Source : rapport de l’union européenne
Un défi écologique
La plupart de ces métaux sont peu recyclés et peu recyclables.
Les Nations Unies ont publié en 2011 une étude à ce sujet qui montre que sur les 60 métaux étudiés, seuls 18 ont un taux de recyclage supérieur à 50%. Il s’agit soit de métaux de base (fer, aluminium, cuivre, zinc, plomb ), soit de métaux précieux (or, argent, platine). Mais sur 37 métaux identifiés comme étant critiques pour l’économie, seuls 10 ont un taux de recyclage supérieur à 1%.
Plusieurs raisons à cela.
Les technologies de tri et de recyclage pour de nombreux métaux précieux ne sont pas encore disponibles à des coûts compétitifs.
Beaucoup de métaux stratégiques sont « dispersés » et ne représentent qu’une faible fraction de la masse des produits manufacturés dans lesquels ils sont présents. Les coûts de séparation et de valorisation sont trop élevés et ces métaux ne sont pas recyclés faute de rentabilité.
De nombreux métaux précieux sont utilisés dans des produits manufacturés à longue durée de vie. Le délai important entre la fabrication du produit et sa mise au rebut pénalise le stock de matière à recycler. Ainsi, la demande pour de nombreux métaux précieux augmente dans divers secteurs et la contribution du recyclage est largement insuffisante pour répondre à la demande.
Au final : Un placement volatil et très aléatoire
Cycle de production long, contraintes techniques, incertitudes géopolitiques : la production de métaux précieux est inélastique et le système de production est souvent incapable de répondre aux brusques augmentations de la demande. L’incertitude et le risque de pénuerie sur ces ressources devenues stratégiques rend le cours des métaux précieux très volatil et dépendant de la demande.
Par ailleurs, les métaux précieux sont cotés en dollars, ce qui, pour nous européens, ajoute une incertitude supplémentaire : le risque de change.
Beaucoup d’incertitudes : géopolitique, environnementale, financière. Finalement, l’or, qui est déjà un placement très volatil, l’est moins que les autres métaux précieux.
Cours de l’Or sur 2008 – 2018 : +35%
Source : Boursorama
Cours du Palladium sur 2008 – 2018 : +77%
Source : Boursorama
Cours du Platine sur 2008 – 2018 : -55%
Source : Boursorama
Cours du Nickel sur 2008 – 2018 : -56%
Source : Boursorama
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