Article écrit le 01/02/2021 – Par MINGZI – Crédit photo : 123RF
L’environnement de taux d’intérêt durablement bas voire négatifs met à mal les compagnies d’assurance vie et leur gestion des fonds en euros car elles doivent garantir le capital et la liquidité à tout moment. Les assureurs multiplient les mesures pour limiter la collecte et préserver leurs fonds en euros (baisse des taux de rendement, durcissement des conditions d’accès). Dans ce contexte, sont-ils toujours capables d’honorer leurs engagements ? Les fonds en euros sont-ils fiables ?
Les assureurs ont diversifié la composition des fonds en euros
La vocation d’un fonds en euros est de garantir le capital et la liquidité à tout moment, même en cas de crise. Pour tenir ces engagements, les assureurs doivent avoir une gestion prudente de leur fonds en euros. C’est pourquoi ils sont essentiellement composés d’obligations car elles sont liquides et peu risquées, mais leur rendement n’a pas cessé de diminuer des 10 dernières années. Pour stimuler le rendement, les assureurs investissent une part des fonds en euros dans l’immobilier et les actions, des actifs plus performants que les obligations, mais également plus risqués (actions) et moins liquides (immobilier). Mais attention, une part trop importante de ces actifs pourrait remettre en question la liquidité et la garantie du capital.
Composés à plus de 80% d’obligations d’États il y a une dizaine d’année, les assureurs ont depuis diversifié la composition des fonds en euros afin de tenir compte des évolutions du contexte économique et financier. Aujourd’hui, les fonds en euros classiques restent composés en moyenne de 80% d’obligations, mais les obligations d’État ne représentent plus que 40,6% de cette poche obligataire. Les assureurs ont en effet réalloué les actifs vers les obligations d’entreprise qui sont devenues prédominantes (59,4%). Les assureurs ont également tiré les leçons de la crise grecque de 2008 : le portefeuille obligataire moyen reste de bonne qualité avec une notation moyenne de A. Par ailleurs, les fonds en euros classiques sont composés en moyenne de 8,6% d’actions et de 7,2% d’immobilier. (Source : GoodValueForMoney.eu).
Les assureurs ont fait des réserves
Chaque année, les assureurs peuvent mettre en réserve une part du rendement des actifs du fonds en euros. Cela s’appelle la PPB (provision pour participation aux bénéfices) ou PPE (provision pour participation aux excédents). Cette réserve appartient aux épargnants et doit leur être restituée dans les 8 ans. Les assureurs s’en servent pour lisser les rendements des fonds en euros, amortir d’éventuelles chutes de rendement ou doper la performance. Dans ce domaine, à chaque assureur sa stratégie. Selon GoodValueForMoney, fin 2019, les réserves financières globales étaient évaluées à 11,50% des encours (deux fois plus que 5 ans auparavant).
La solvabilité des assureurs
Une compagnie d’assurance doit disposer de réserves suffisantes pour honorer les engagements pris vis-à-vis de ses clients, quelles que soient les circonstances. « Solvabilité II » est une règlementation européenne qui impose aux assureurs le niveau de fonds propres minimum (CSR ou Capital de Solvabilité Requis) qu’ils doivent immobiliser pour couvrir les risques auxquels ils s’exposent et absorber le choc provoqué par un risque majeur (par exemple une crise financière). L’ACPR a publié la situation des assureurs soumis à cette règlementation au premier semestre 2020. Il en ressort que la solvabilité des assureur reste forte : le CSR moyen du marché est en diminution, mais il s’établit à 240% fin juin 2020, alors qu’il s’élevait à 268% fin 2019, après un plus bas niveau à 214 % atteint fin septembre 2019.
Loi Sapin 2 : blocage des retraits en cas de crise grave
Dans les cas extrêmes, en cas de crise financière grave ou si la situation l’exige, la loi Sapin 2 autorise le HCSF (Haut Comité de Sécurité Financière), à imposer à une compagnie d’assurance vie la mise en place de mesures temporaires comme par exemple suspendre ou restreindre la possibilité de retirer l’épargne, limiter la possibilité de faire des versement ou encore limiter la distribution de dividendes.
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